Comment la pression impacte nos oreilles dans l’air et sous l’eau
Il arrive fréquemment que nous ressentions des douleurs aux oreilles en avion. Ces sensations sont dues au changement de pression de l’air pendant la montée et la descente. Si la pression dans l’oreille moyenne ne s’adapte pas immédiatement, le tympan est poussé vers l’intérieur ou l’extérieur, ce qui provoque des douleurs. La même chose peut se produire sous l’eau. Surtout lors d’une plongée en grande profondeur, mais parfois aussi lorsque l’on nage à faible profondeur.
Comment apparaissent les douleurs auriculaires en avion ?
Vous pouvez en fait comparer un avion à une cabine pressurisée. La pression de l’air dans un avion est maintenue artificiellement et est plus basse que celle à laquelle nous sommes habitués lorsque nous sommes sur terre.
Trompe d’Eustache
Lorsqu’on monte en altitude, la pression de l’air diminue progressivement. Cela crée une pression excessive derrière le tympan et celui-ci est pressé vers l’extérieur. La trompe d’Eustache équilibre la pression des deux côtés du tympan en fonction de la pression ambiante. Grâce à cette fonction de valve, l’excès d’air à l’intérieur peut s’échapper vers l’extérieur, de sorte que la pression devant et la pression derrière le tympan s’équilibrent atténuant ainsi la douleur.
Lorsqu’un avion descend, la pression à l’intérieur de l’appareil augmente progressivement. En conséquence, la pression à l’extérieur du tympan augmente, tandis que la pression dans l’oreille moyenne, derrière le tympan, reste initialement la même. Le tympan est alors pressé vers l’intérieur. Ici aussi, l’air peut passer par la trompe d’Eustache pour entrer dans l’oreille moyenne et rétablir l’équilibre. Cependant, l’air sort plus facilement qu’il n’entre. C’est pourquoi nous ressentons surtout cet inconfort lors de la descente d’un avion.
Des enfants à bord ? Les petits enfants sont plus susceptibles de souffrir de douleurs dans les oreilles que les adultes lorsqu'ils prennent l'avion. En effet, leur trompe d'Eustache est souvent encore horizontale : elle est donc moins efficace. Par conséquent, les différences de pression sont moins bien corrigées. |
Et lors d’une plongée ?
L’explication des douleurs auriculaires associées à la plongée est en fait souvent identique à celle des douleurs ressenties en avion. Plus on descend en plongée, plus la pression à l’extérieur du tympan est importante. Et cela, alors que la pression dans l’oreille moyenne, derrière le tympan, reste initialement la même. Ce n’est que lorsque ce déséquilibre est rétabli que la douleur disparaît.
Contrairement à l’avion, la plongée peut également provoquer une infection de l’oreille externe par contact avec l’eau. Si l’oreille reste humide après l’immersion dans l’eau, cette humidité combinée à la chaleur du corps offre un terrain propice au développement des bactéries. C’est ainsi que vous pouvez contracter ce que l’on appelle l’oreille du nageur.
Prendre l’avion ou plonger avec un rhume ?
En cas de rhume ou d’allergie comme le rhume des foins, la trompe d’Eustache fonctionne moins bien. Le gonflement des muqueuses de la gorge et du nez restreint le passage dans ce conduit entre la cavité nasale/la gorge et l’oreille moyenne. Cela peut avoir un impact lors d’une plongée ou d’un vol en avion.
En avion, un rhume ou une allergie grave peuvent entraîner des douleurs auriculaires aigües et la pression peut même, dans de rares cas, endommager le tympan. Il n’est donc pas judicieux de prendre l’avion lorsqu’on a un gros rhume.
En plongée, même un petit rhume peut devenir problématique. Il n’est donc pas recommandé de plonger en étant enrhumé.
Autres problèmes possibles lors d’un vol ou d’une plongée
Perte auditive et acouphènes
Lorsqu’un avion descend, il arrive que l’on ressente une sensation d’oreille bouchée, accompagnée d’une perte auditive et d’acouphènes. Comme la surpression et la dépression réduisent la mobilité du tympan, le son peut être transmis moins efficacement. C’est ce qui peut provoquer cette sensation d’oreille bouchée, ou de diminution de la capacité auditive, voire parfois (temporairement) des acouphènes.
Des acouphènes et une perte auditive peuvent également survenir lors de la plongée. Ils indiquent souvent une perforation ou une rupture du tympan due à la profondeur.
Barotraumatisme
Le barotraumatisme peut exceptionnellement se produire pendant un vol, lorsqu’il y a une augmentation soudaine de la pression dans la cabine. Ce traumatisme peut se manifester lors d’un atterrissage d’urgence avec une descente très rapide ou lorsque la pression dans l’avion chute brutalement. Les cellules de l’oreille peuvent alors être endommagées et le tympan peut se rompre ou être perforé.
En revanche, un barotraumatisme causé par une plongée n’est pas exceptionnel. En général, la douleur s’accompagne d’un écoulement de sang. Parfois, il y a aussi un écoulement de liquide et on observe une perte d’audition et des acouphènes.
Comment prévenir les douleurs auriculaires en vol et en plongée ?
En vol, avaler, bâiller ou mâcher peuvent ouvrir la trompe d’Eustache et supprimer la différence de pression. Pendant la descente d’un avion, se boucher le nez peut être utile. Il est conseillé de faire boire les enfants en bas âge pendant la descente.
Lorsque les mouvements de mastication, de bâillement ou de déglutition n’aident pas, essayez de vous dégager les oreilles. C’est ce que les plongeurs apprennent à faire lorsqu’ils sont confrontés à une pression croissante (voir ci-dessous).
Les bouchons d’oreille à régulation de pression sont également utiles. Grâce à ces bouchons, la pression dans le conduit auditif change progressivement, afin que la trompe d’Eustache puisse mieux rétablir l’équilibre.
En cas de léger rhume ou d’allergie, un spray nasal peut être utile pendant le vol. Il est recommandé de commencer à l’utiliser quelques jours avant de prendre l’avion.
En plongée, il est particulièrement important de se dégager suffisamment les oreilles. La technique consiste à garder le nez et la bouche fermés tout en expirant par à-coups pour augmenter la pression dans les voies nasales et la gorge. De cette manière, la trompe d’Eustache s’ouvre brièvement et l’air passe dans la cavité du tympan. L’expiration ne doit cependant pas être trop forte.
Il est également important de ne pas pratiquer de la plongée quand on souffre d’un rhume. Pas même en utilisant un spray nasal, car son effet peut être plus court que la plongée prévue. Si, en profondeur, l’excès de pression ne peut pas s’échapper par la trompe d’Eustache, le tympan peut se rompre.
Quand aller voir son médecin ?
La douleur qui survient en avion ou en plongée est généralement passagère. Une visite chez le médecin est donc rarement nécessaire.
Par contre, si vous avez encore mal plusieurs jours après une plongée, si votre douleur augmente ou si vous constatez un écoulement de sang ou de liquide au niveau de l’oreille, une visite chez le médecin est absolument nécessaire. Vous souffrez peut-être de cette infection bactérienne appelée « oreille du nageur » ou encore d’une déchirure ou d’une perforation du tympan.
Traiter l’oreille du nageur requiert la prise de médicaments. Un tympan perforé quant à lui guérit souvent seul, un processus qui peut parfois prendre des mois. Certaines perforations nécessitent également un traitement médical. Pendant la convalescence, il est important de garder l’oreille sèche et d’être prudent en cas de toux, d’éternuements et d’efforts violents.
Si un tympan perforé ne guérit pas (suffisamment), votre généraliste vous adressera à un spécialiste ORL. Celui-ci décidera si une chirurgie réparatrice est nécessaire.
Références
• gezondheid.be
• gezondheidenwetenschap.be
• hoorzaken.nl
• alertdiver.eu
• duikeninbeeld.tv
Révision médicale : Peter De Smet, Scientific & Medical Education Manager & Bert Hannosset, M.D.